Comme la plupart des gens, j'attribuais
– il y a encore quelques semaines – la paternité de ce morceau
bien connu au Clash. Grossière erreur !
I fought the law sortit
en 1979, dans un EP (The cost of living),
un single US et la version américaine du premier album du groupe,
intitulé lui-même The Clash. S'il
s'agit sans aucun doute de la version la plus connue, l'original
remonte à une époque où Joe Strummer était encore en culottes
courtes. Une oreille attentive aurait dû d'ailleurs s'en douter,
tant le refrain rappelle le bon vieux rock'n roll des 50's.
La
chanson fut écrite par Sonny
Curtis, qui avait pris la
tête des Crickets
après la mort (bien trop jeune) de leur fondateur, le grand Buddy
Holly. Elle figure sur le
premier album post-Buddy Holly du groupe, In style with the
Crickets, sorti en 1960. La
mélodie est entraînante, mais le son est sec, mettant en avant le
son cristallin de la guitare et la voix légèrement éraillée de
Curtis. Le texte évoque l'histoire d'un type envoyé en prison après
avoir été arrêté pour braquage à main armée et regrette d'être
séparé de sa copine. Le tout un tantinet subversif : le
prisonnier ne regrette pas ses actes illégaux, mais seulement leurs
conséquences et les justifie par la pauvreté.
I'm
breakin' rocks in the hot sun
I fought the law and the law won
I miss my baby and good fun
I fought the law and the law won
I miss my baby and good fun
I fought the law
and the law won
I left my baby and
I feel so bad
I guess my race is
run
She's the best girl
I ever had
I fought the law
and the law won
Robbin' people with
a zip-gun
I fought the law
and the law won
I needed money
'cause I hade none
I fought the law
and the law won
I left my baby and
I feel so bad
Yes my race is run
She's the best girl
I ever had
I fought the law
and the law won
Les différentes
reprises du modèle original s'inscrivent, à mon sens, dans deux
courants différents, en dehors du « canal historique »,
représenté par exemple par les Stray Cats sur l'album
Original Cool (1993), qui livrent une
interprétation assez fidèle à l'original, bien que le son soit un
peu plus moderne.
Le premier courant
privilégie la ritournelle de Sonny Curtis, au détriment du texte,
pour un faire un chanson pour midinettes. Le premier responsable est
Bobby Fuller, dont la version enregistrée en 1965, réussit à
entrer dans le top ten aux USA en 1966. C'est après celle du Clash
la version la plus connue de I fought the law, souvent
considérée à tort comme l'original. L'interprétation du Bobby
Fuller Four conserve ce que le titre de Curtis pouvait avoir
d'entraînant, avec un son plus chaud, des choeurs sur le couplet. Au
final, quand on voit les nénettes en minijupes se déhancher sur les
vidéos de l'époque, on se demande ce que les gens comprenaient des
paroles, dont l'ordre a d'ailleurs été altéré au passage. Je
suppose qu'ils retenaient surtout le côté romantique (I miss my
baby... et gnagnagna...). Au passage, le « zip-gun »
d'origine (un méchant flingue de bric et de broc) est devenu un
« six-gun » (le classique 6 coups des westerns), sans
doute plus facilement représentable pour l'auditeur lambda.
On doit à Claude
François d'avoir poussé encore plus loin le bouchon, dans une
adaptation en français (« J'ai joué et puis j'ai perdu »),
sortie en 1967. Comme il est fréquent dans ce genre d'exercice,
surtout à l'époque des yéyés, le passage de l'anglais au français
pervertit totalement l'original. Ici on ne retrouve plus grand chose
du texte de Curtis et ce qu'il avait de potentiellement subversif
devient même, à la limite, une défense et illustration du
conformisme. En même temps, difficile d'imaginer qu'à l'époque du
gaullisme le plus pesant et du bon temps de l'ORTF un chanteur puisse
dire le contraire...
Le second courant, plus tardif,
privilégie au contraire le potentiel « subversif » du
texte de Curtis. De nombreux artistes s'en sont emparés, avec plus
ou moins de bonheur et d'originalité, parmi lesquels, outre
The Clash, BruceSpringsteen, GreenDay (très inspirés par
la version Clash)...
Ma
préférence ira aux Dead
Kennedys, dont la version
sortie sur la compilation Give me convenience or give me
death (1987) est assez
réjouissante. C'est rapide et abrasif, le moins qu'on puisse
attendre d'eux, mais avec de très nettes allusions à la ligne de
guitare de l'original. Mais le meilleur réside dans les paroles
totalement revues et corrigées. A commencer par le refrain,
transformé en « I fought the law, and I
WON ». Ahhhh, sacré
Jello !
Drinkin' beer in the hot sun
I fought the law and I won
I fought the law and I won
I needed sex and I got mine
I fought the law and I won
The law don't mean shit if you've got the right friends
That's how this country's run
Twinkies are the best friends I ever had
I fought the law and I won
I blew George and Harvey's brains out with my six gun !
I fought the law and I won
I fought the law and I won
The law don't mean shit if you've got the right friends
That's how this country's run
Twinkies are the best friends I ever had
I fought the law and I won
I blew George and Harvey's brains out with my six gun !
I fought the law and I won
Gonna write my book and make a million
I fought the law and I won
I'm the new folk hero of the Klu Klux Klan
My cop friends think that's fun
You can get away with murder if you've got a badge
I fought the law and I won
I'm the new folk hero of the Klu Klux Klan
My cop friends think that's fun
You can get away with murder if you've got a badge
I fought the law and I
won
I am the law so I won
I am the law so I won
(H. P.)
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